Aufil des jours les sorties au théùtre ou au cinĂ©ma deviennent des gageures pour cause de couvre-feu. Alger Ă  son tour sombre dans le cauchemar. Le temps est Ă  la guerre, Ă  la LunitĂ© symbolique autour de Quetzalcoatl, formĂ© par les aiguilles sculptĂ©es en or massif prend des atours presque mystiques et anime le cƓur du cadran qui ne cesse d’évoluer au fil du temps qui passe. Car l’heure se lit Ă  l’extrĂ©mitĂ© de la tĂȘte du serpent tandis que sa queue indique les minutes. Quetzalcoatl se love ainsi, au centre de la piĂšce, au grĂ© du Conseilsde lecture – actualitĂ© du livre Connexion search. menu. home; DĂ©couvrir L'actualitĂ© des livres et des auteurs Au grĂ© du temps, au fil des gens. Au grĂ© du temps, au fil des gens . Fiche; 0 note . Monique Zomer. Date de parution : AugrĂ© du temps, au fil des gens, Monique Zomer, Amalthee. Des milliers de livres avec la livraison chez vous en 1 jour ou en magasin avec -5% de rĂ©duction . Trajectoires; Au fil du temps, au grĂ© du lieu, AimĂ© Perret, Sydney Laurent Editions. Des milliers de livres avec la livraison chez vous en 1 jour ou en magasin avec -5% de rĂ©duction . Dịch VỄ Hỗ Trợ Vay Tiền Nhanh 1s. 1Le prĂ©sent ouvrage a tentĂ© une mise en perspective et une analyse rĂ©flexive d’un programme de recherche Ă  partir d’un ensemble documentaire limitĂ© mais Ă©clairant la succession des Lettres de la rĂ©gulation de 1991 Ă  2006. Sans prĂ©tendre Ă©puiser la rĂ©flexion mais au contraire la stimuler, voici quelques conclusions provisoires soumises Ă  la discussion de la communautĂ© des chercheurs qui se reconnaissent dans, ou se sentent proches de ce programme de recherche. Les capitalismes ont changĂ©, les approches de la rĂ©gulation aussi 2AprĂšs avoir parcouru l’histoire Ă©conomique amĂ©ricaine et française, Ă  la lumiĂšre d’une conceptualisation marxiste enrichie d’une macroĂ©conomie kaleckienne, les travaux fondateurs s’étaient cristallisĂ©s sous la forme de la mise en Ă©vidence du mode de dĂ©veloppement fordiste, comme configuration institutionnelle issue de la Seconde Guerre mondiale. C’est ainsi que fut reconnue et se diffusa la ThĂ©orie de la RĂ©gulation. La crise du fordisme a mis en mouvement un processus complexe de transformation des paradigmes productifs, du rapport salarial, de l’organisation des firmes, des politiques publiques, plus encore les relations entre l’économie nationale et le systĂšme mondial. C’est ce mouvement que les rĂ©gulationnistes ont cherchĂ© Ă  caractĂ©riser et les textes rassemblĂ©s dans le prĂ©sent ouvrage montrent le caractĂšre tĂątonnant et incertain du rĂ©ajustement du cadre thĂ©orique initial afin de rendre compte de ces transformations. 3Faut-il en dĂ©duire que la ThĂ©orie de la RĂ©gulation a fait son temps ? La rĂ©ponse est double. D’un cĂŽtĂ©, l’analyse qui a Ă©tĂ© produite du fordisme demeure l’une des contributions qui gardent toute leur pertinence, puisqu’en un sens elle livre une articulation entre analyses nĂ©o-schumpetĂ©rienne et keynĂ©sienne, dans le cadre d’une approche marxienne renouvelĂ©e par la prise en compte d’une pluralitĂ© de rĂ©gimes d’accumulation. De l’autre, il aurait Ă©tĂ© sans doute plus prudent de conserver l’intitulĂ© approches de la rĂ©gulation » pour exprimer l’idĂ©e que les notions et les mĂ©thodes proposĂ©es devaient ĂȘtre confrontĂ©es Ă  d’autres formations sociales et historiques, potentiellement trĂšs diffĂ©rentes de celles qui avaient permis l’émergence puis la crise du fordisme. 4Or, au fur et Ă  mesure que l’on s’éloigne de la pĂ©riode des Trente glorieuses, la formulation initiale s’avĂšre de plus en plus inadĂ©quate pour cerner les modes de dĂ©veloppements Ă©mergents. Le concept de hiĂ©rarchie entre formes institutionnelles est ainsi introduit pour rendre compte de la progressive domination du rĂ©gime monĂ©taire puis financier au dĂ©triment du rapport salarial. La question des relations entre les divers niveaux d’analyse se pose avec une acuitĂ© sans prĂ©cĂ©dent lorsque l’on entend analyser les processus de sorties d’une crise systĂ©mique, telle que celle qui s’ouvre avec la faillite de Lehman Brothers. Ainsi, la thĂ©orie du fordisme doit cĂ©der la place Ă  une Ă©conomie politique du changement institutionnel au sein des diffĂ©rentes formes de capitalisme. Empruntant le langage de la tectonique des plaques, il ressort que la carte que livraient les concepts utiles pour diagnostiquer le fordisme devient de plus en plus inexacte au fur et Ă  mesure que dĂ©rivent les continents que sont ces diffĂ©rents capitalismes. L’approche ne livrait donc pas une thĂ©orie achevĂ©e mais simplement un point de dĂ©part pour tenter de cerner le changement structurel des capitalismes. C’est donc Ă  tort que beaucoup de critiques ont avancĂ© qu’elle Ă©tait fausse puisque la carte de l’AmĂ©rique du Nord dans les annĂ©es 1970 ne ressemblait pas Ă  celle de l’Asie du Sud-Est dans les annĂ©es 1990 ! Que la carte asiatique soit beaucoup moins fouillĂ©e et claire que la nord-amĂ©ricaine ne saurait surprendre, pour l’approche qui se propose de construire une macroĂ©conomie institutionnelle et historique Ă  partir d’une approche comparative. Le formatage du monde acadĂ©mique a jouĂ© contre leur reconnaissance 5Les pĂšres fondateurs, tout Ă  la joie de mettre en Ă©vidence l’ampleur des changements structurels qu’annonçait la fin des Trente glorieuses, anticipĂšrent que les thĂ©ories dominantes – qui ne les considĂ©raient que comme quelques turbulences mineures au sein d’économies prospĂšres et dotĂ©es d’un pouvoir d’autorĂ©gulation grĂące aux mĂ©canismes de marchĂ© – Ă©taient condamnĂ©es Ă  un dĂ©clin irrĂ©versible, tant elles Ă©taient en contradiction leurs conclusions avec les observations. Cette perception n’était pas aussi radicale chez tous les Ă©conomistes, mais le doute s’instilla dans le champ acadĂ©mique au point d’accorder une place significative Ă  la ThĂ©orie de la RĂ©gulation » et certains partis politiques ne furent pas insensibles aux arguments qui justifiaient des changements majeurs dans l’organisation des sociĂ©tĂ©s contemporaines. Ce fut l’ñge d’or, non sans danger d’ailleurs puisque commença Ă  s’insinuer la confusion entre la rĂ©gulation comme processus dynamique d’équilibrage d’un rĂ©gime Ă©conomique potentiellement instable et la rĂ©glementation, c’est-Ă -dire l’intervention de l’État dans l’économie, soit en amĂ©ricain regulation. La confusion n’a fait que s’accroĂźtre depuis lors car le pronostic des rĂ©gulationnistes sur le devenir des thĂ©ories Ă©conomiques s’est avĂ©rĂ© radicalement faux. 6En effet, sous la banniĂšre de la recherche de fondements microĂ©conomiques Ă  la macroĂ©conomie, et d’une rĂ©unification de la thĂ©orie Ă©conomique contre la pensĂ©e keynĂ©sienne, le monde acadĂ©mique amĂ©ricain puis international a vu la victoire d’une Ă©conomie walrasienne dans laquelle l’absence d’entrave du libre fonctionnement des marchĂ©s, la rationalitĂ© des comportements et des anticipations des agents privĂ©s rendent intrinsĂšquement dĂ©stabilisatrice toute intervention de l’État, et inefficace quelconque arrangement institutionnel, Ă©loignant l’économie d’un optimum de Pareto. Dans ce nouveau contexte intellectuel, l’approche de la rĂ©gulation est une curiositĂ© mobilisĂ©e pour montrer l’inanitĂ© de toute alternative au paradigme dominant dĂ©pĂ©rissement de la rigueur propre Ă  l’économie au bĂ©nĂ©fice d’alliances douteuses avec d’autres disciplines, absence de thĂ©orie gĂ©nĂ©rale valable en tout temps et tous lieux, rejet d’une quantification tous azimuts au profit d’une analyse d’abord qualitative des rapports sociaux et des processus, enfin simple description faute de tests rigoureux. 7C’est cette divergence entre la doxa moderne et la poursuite du programme rĂ©gulationniste qui fait ressortir ce dernier comme en crise profonde puisqu’il ne satisfait aucun des critĂšres imposĂ©s par l’économie dominante. Qu’il ait parfois pu anticiper certaines transformations et crises majeures est attribuĂ© soit Ă  la chance soit Ă  quelques talents idiosyncratiques de tel ou tel chercheur, qui ne tiennent en rien Ă  l’approche elle-mĂȘme. Par contre il est clair que la thĂ©orie standard va de succĂšs en succĂšs au fur et Ă  mesure que se succĂšdent des crises de plus en plus graves qui n’ont aucune place, si ce n’est comme accidents venus d’ailleurs perturber un systĂšme structurellement stable. Au mieux, c’est la faute Ă  la raison politique et Ă  l’irrationalitĂ© des acteurs, invitĂ©s Ă  suivre un cursus complet d’économie standard afin que ne se rĂ©pĂštent plus les erreurs qui peuvent avoir conduit Ă  la crise. 8On laisse le soin au lecteur de dĂ©cider laquelle des deux crises est la plus sĂ©vĂšre celle de l’orthodoxie dans toutes ses dĂ©clinaisons nouvelle macroĂ©conomie classique, modĂ©lisation ad hoc, montĂ©e en sophistication de la thĂ©orie Ă©conomĂ©trique, mathĂ©matiques financiĂšres, etc. ou celle des approches de la rĂ©gulation ? DĂ©tecter et caractĂ©riser la grande transformation contemporaine 9Tel est en effet le fil rouge qui relie la plupart des articles ici prĂ©sentĂ©s tout au long de la pĂ©riode, le propos des contributeurs est de mettre en Ă©vidence des Ă©volutions qui remettent en cause la permanence et la viabilitĂ© du mode de dĂ©veloppement antĂ©rieur. DĂšs l’origine, ce sont les Ă©carts entre les conjectures dĂ©rivĂ©es du cadre thĂ©orique de dĂ©part et les observations qui sont le moteur et de l’origine de l’approche, et de ses transformations successives. Ainsi l’hypothĂšse d’une rĂ©gulation administrĂ©e ou encore monopoliste associĂ©e au rĂ©gime d’accumulation fordiste a Ă©tĂ© suscitĂ©e par l’observation de la coexistence d’une flambĂ©e du niveau gĂ©nĂ©ral des prix et d’une chute de l’activitĂ© Ă©conomique au dĂ©but des annĂ©es 1970. Autre exemple, la surprenante conclusion selon laquelle les capitalismes amĂ©ricain et français partageaient le mĂȘme rĂ©gime d’accumulation aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, laissa croire, un temps, qu’il Ă©tait devenu la norme et qu’il Ă©tait en vigueur dans la plupart des pays de vieille industrialisation. 10Telle est l’origine de la seconde Ă©poque des travaux rĂ©gulationnistes les comparaisons internationales ont montrĂ© que ni le Japon ou l’Allemagne, pas plus que les Ă©conomies nordiques, ne se dĂ©veloppaient selon la mĂȘme logique. Dans une premiĂšre phase, certains chercheurs ont minimisĂ© ces diffĂ©rences, en inventant par exemple le concept de fordisme pĂ©riphĂ©rique », contradiction dans les termes puisque fondĂ©e sur l’exportation et non pas l’approfondissement de la sociĂ©tĂ© salariale. Dans un second temps, la rĂ©ponse a Ă©tĂ© d’ériger en question thĂ©orique la persistante diversitĂ© des capitalismes. Souvent interprĂ©tĂ© comme une fuite en avant, ce programme de recherche a dĂ©bouchĂ© sur la mise en Ă©vidence de quelques-uns des mĂ©canismes qui assurent la cohĂ©sion de diffĂ©rentes architectures institutionnelles complĂ©mentaritĂ©, hiĂ©rarchie, isomorphisme entre organisations et institutions, coĂ©volution, etc. C’est aussi l’origine de travaux statistiques visant Ă  rĂ©vĂ©ler empiriquement la distribution des formes de capitalisme, avant de susciter des efforts de modĂ©lisation afin d’examiner si les associations observĂ©es entre institutions Ă©conomiques Ă©taient contingentes ou pouvaient apparaĂźtre comme rĂ©sultat de modĂšles formels, procĂ©dant par abstraction par rapport aux donnĂ©es empiriques. 11Un parallĂšle avec les thĂ©ories standard est rĂ©vĂ©lateur. Ces derniĂšres n’ont cessĂ© de protĂ©ger leur paradigme central en Ă©tendant sans cesse la ceinture de protection permettant d’interprĂ©ter la multiplication des anomalies comme des phĂ©nomĂšnes secondaires n’affectant pas son cƓur. Cette stratĂ©gie culmine dans l’interprĂ©tation de la crise ouverte en 2008 comme phĂ©nomĂšne rarissime n’intervenant qu’une fois par siĂšcle, causĂ© par des chocs exogĂšnes sans rapport avec la dynamique propre des Ă©conomies brutale chute de la productivitĂ© ou perte de confiance des marchĂ©s financiers. Pour les approches de la rĂ©gulation, les anomalies par rapport Ă  la premiĂšre version ont Ă©tĂ© autant d’aiguillons pour une rĂ©vision plus ou moins radicale selon les auteurs. Limites et incomprĂ©hension d’une thĂ©orisation toujours locale et historiquement situĂ©e 12Les grandes thĂ©ories s’affirment d’emblĂ©e comme universelles, totalisant les acquis d’une discipline. John Maynard Keynes pensait avoir gĂ©nĂ©ralisĂ© la thĂ©orie classique, les mathĂ©maticiens proposĂšrent avec la thĂ©orie de l’équilibre gĂ©nĂ©ral une version rigoureuse des idĂ©es de LĂ©on Walras, et les macroĂ©conomistes contemporains crurent avoir rĂ©alisĂ© une rĂ©unification de la thĂ©orie classique et keynĂ©sienne grĂące Ă  l’introduction de rigiditĂ©s de prix et de salaires dans des modĂšles stochastiques dynamiques d’équilibre gĂ©nĂ©ral. À la veille de la crise ouverte en 2008, ce courant put affirmer qu’il ne restait plus que quelques dĂ©tails Ă  explorer pour que soit achevĂ© le programme de recherche macroĂ©conomique ouvert par la ThĂ©orie GĂ©nĂ©rale. 13Les approches de la rĂ©gulation furent certes stimulĂ©es par une critique radicale de l’économie standard, mais elles ne livrĂšrent qu’une analyse limitĂ©e Ă  la succession des rĂ©gimes d’accumulation et de leur crise, avec un accent tout particulier sur la caractĂ©risation de la rupture intervenue au dĂ©but des annĂ©es 1970 Ă  partir de l’économie amĂ©ricaine. Or, comme il vient d’ĂȘtre montrĂ©, ces rĂ©sultats ne s’appliquaient pas universellement. Face Ă  toute nouvelle Ă©tude de cas, il s’avĂ©rait nĂ©cessaire de recomposer les concepts fondateurs et souvent d’en crĂ©er de nouveaux. D’une part, cette construction se rĂ©vĂ©lait non-pertinente dans nombre de sociĂ©tĂ©s dans lesquelles la logique capitaliste n’a pas mis en mouvement l’ensemble de la sociĂ©tĂ©, comme ce fut longtemps le cas des pays africains Ce n’est donc pas une thĂ©orie ! » s’exclamĂšrent les tenants de l’orthodoxie car ils se faisaient fort de tirer toutes les consĂ©quences de leur thĂ©orie, quel que soit le lieu et mĂȘme l’époque dans le cadre par exemple de la nouvelle histoire Ă©conomique. D’autre part, la simple juxtaposition de ces analyses locales ne dĂ©bouchait pas naturellement sur une mĂ©tathĂ©orie ordonnant et donnant sens Ă  la variĂ©tĂ© des configurations institutionnelles des capitalismes. 14Cette opposition de vision et de pratiques dĂ©bouche sur un dilemme qui traverse toutes les Ă©poques depuis l’émergence de l’économie politique. Faut-il rechercher les fondements logiques de la discipline Ă©conomique et ne cesser de les approfondir dans l’espoir qu’un jour, plus ou moins lointain, le thĂ©oricien trouvera le modĂšle gĂ©nĂ©ral qui rendra transparente la lecture de tous les phĂ©nomĂšnes Ă©conomiques, tel le gĂ©nial cambrioleur qui finit par trouver la combinaison du coffre qui renferme la fortune ? Dans l’intervalle, l’économiste doit reconnaĂźtre qu’il n’a pas la thĂ©orie lui permettant de rendre compte de l’ensemble des observations que livre un appareil statistique en pleine expansion, pas plus qu’il ne peut donner une base scientifique Ă  ses conseils de politique Ă©conomique. À l’opposĂ©, n’est-il pas de bonne mĂ©thode d’essayer de comprendre une gamme de phĂ©nomĂšnes d’abord trĂšs limitĂ©s et de construire progressivement un cadre thĂ©orique dont la pertinence s’affirme progressivement par la rĂ©pĂ©tition des interactions entre conceptualisation et observations ? L’avantage est de permettre de prudentes prises de position sur divers mĂ©canismes Ă©conomiques prĂ©cisĂ©ment dĂ©limitĂ©s, donc de donner une base autre que normative Ă  des choix politiques, mais l’inconvĂ©nient majeur tient Ă  la reconnaissance du fait que l’économiste n’a pas de thĂ©orie gĂ©nĂ©rale qui s’appliquerait, sans remise en chantier, Ă  des configurations nouvelles. Selon la conception la plus courante, pourquoi ne pas proposer le mĂȘme modĂšle macroĂ©conomique et les mĂȘmes politiques, quels que soient les pays, sĂ©rieux atout pour tout Ă©conomiste qui entendrait travailler pour une organisation internationale telle que le FMI ou la Banque mondiale ?! De multiples efforts de grande thĂ©orie mais pas de nouvelle synthĂšse 15Maints contributeurs Ă  la Lettre de la RĂ©gulation ont critiquĂ© ce courant pour avoir dĂ©sertĂ© la thĂ©orie au profit de la juxtaposition d’analyses locales. Il a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© rĂ©pondu, partiellement au fil des pages et des diverses introductions, Ă  cette critique. Elle est quelque peu sĂ©vĂšre car elle nĂ©glige l’apport des divers chercheurs qui, Ă  partir des approches de la rĂ©gulation, ont posĂ© les bases d’un approfondissement thĂ©orique. On ne mentionnera ici que quatre d’entre eux. 16On doit Ă  Bruno ThĂ©ret d’avoir immergĂ© la rĂ©gulation de la sphĂšre Ă©conomique dans l’ensemble des mĂ©diations qui assurent la viabilitĂ© d’une sociĂ©tĂ©, avec un accent tout particulier sur les questions du symbolique et du politique. Pour sa part, Bernard Billaudot a proposĂ© d’étendre les formes institutionnelles en prenant en compte la question de l’identitĂ© et de la citoyennetĂ©, dimensions en quelque sorte orthogonales par rapport aux relations Ă©conomiques, exclusivement considĂ©rĂ©es dans la version de base de la ThĂ©orie de la RĂ©gulation. Michel Aglietta et AndrĂ© OrlĂ©an ont cherchĂ© un fondement thĂ©orique au retour des rĂ©gimes monĂ©taires et financiers comme forme institutionnelle dominante grĂące Ă  une conception de la monnaie comme fondatrice de l’ordre marchand, Ă  l’inverse de la vulgate qui affirme que la monnaie est apparue pour faciliter les Ă©changes Ă  partir d’une Ă©conomie de troc. Enfin, afin de dĂ©passer la seule rĂ©fĂ©rence Ă  Pierre Bourdieu comme point de dĂ©part d’une thĂ©orie de l’action congruente avec la visĂ©e de la rĂ©gulation, FrĂ©dĂ©ric Lordon cherche avec persĂ©vĂ©rance ce fondement dans une lecture de l’Ɠuvre de Baruch Spinoza et sa thĂ©orie du conatus, des affects. Pour autant, il ne dĂ©serte pas l’analyse du contemporain puisqu’il propose une boĂźte Ă  outils nouvelle pour l’économiste, sans doute difficile Ă  manier pour qui n’aurait suivi que la formation monodisciplinaire des filiĂšres d’enseignement de l’économie. 17Pourtant il faut Ă©couter la critique de ceux qui pensent que la rĂ©gulation n’est pas Ă  la hauteur de ses ambitions initiales. En effet, les apports conceptuels qui viennent d’ĂȘtre mentionnĂ©s n’ont jusqu’à prĂ©sent pu ĂȘtre intĂ©grĂ©s dans une synthĂšse claire et suffisamment accessible pour que d’autres chercheurs s’en emparent afin de mener d’autres travaux empiriques que ceux inspirĂ©s par la dĂ©clinaison des cinq formes institutionnelles. Avant de revenir sur quelques-unes des conditions qui permettraient une telle reformulation, il semble important de soigner le complexe d’infĂ©rioritĂ© qui taraud, dans certains cas paralyse, le renouvellement de la ThĂ©orie de la RĂ©gulation. La paille et la poutre Ă  propos des critiques, Ă©pistĂ©mologiques et mĂ©thodologiques, formulĂ©es par les tenants de l’économie standard 18De fait, il se pourrait fort que cet ouvrage voit son audience limitĂ©e aux cercles des rĂ©gulationnistes et autres chercheurs dĂ©veloppant des problĂ©matiques proches. L’observation, parfois participante Ă  divers programmes d’économie hĂ©tĂ©rodoxe, fait ressortir que chacun d’entre eux est plus prĂ©occupĂ© de dialoguer avec l’économie standard dans l’espoir, soit de la voir s’écrouler sous la vigueur de ses critiques, soit de l’envahir et de la remplacer grĂące Ă  sa pertinence et son pouvoir de conviction. Les rĂ©gulationnistes ont appris Ă  leurs dĂ©pens que cet espoir est sans fondement. 19En effet, c’est admettre que la domination au sein de la profession des Ă©conomistes tient Ă  la rigueur de son Ă©pistĂ©mologie, l’inventivitĂ© de ses mĂ©thodologies et Ă  la multiplicitĂ© de ses rĂ©sultats d’oĂč elle tirerait son influence dans le domaine politique. Bref, c’est le courant dominant qui dĂ©finit les critĂšres de scientificitĂ©. À l’occasion d’un colloque dĂ©jĂ  ancien qui s’interrogeait pour savoir si l’économie Ă©tait une science, philosophes, Ă©pistĂ©mologues et spĂ©cialistes de la mĂ©thodologie avaient Ă©tĂ© soigneusement Ă©liminĂ©s de la liste des invitĂ©s en vertu de l’affirmation Est scientifique ce que la communautĂ© des Ă©conomistes reconnait comme tel ». 20Les courants dominĂ©s du champ acadĂ©mique ne devraient pas prendre au sĂ©rieux cette affirmation qui est essentiellement l’expression de la domination d’une fraction de la profession, ce qui cependant ne les exonĂšre en rien d’une rĂ©flexivitĂ© critique sur leur propre pratique. En quelque sorte il convient de ne pas prendre l’expression du pouvoir acadĂ©mique comme une preuve de scientificitĂ©. C’est en effet sa dĂ©fense bec et ongles par les dĂ©partements d’économie des grandes universitĂ©s qui explique que l’on continue en 2013 Ă  enseigner strictement le mĂȘme cursus micro, macro, Ă©conomĂ©trie, mathĂ©matiques financiĂšres, etc.. que celui qui s’est intellectuellement, mais pas institutionnellement, fracassĂ© avec la faillite de Lehman Brothers. 21Lorsque que le pouvoir rend aveugles les plus intelligents et ambitieux d’une profession, les dissidents devraient s’emparer de cette occasion pour remettre en cause la domination institutionnelle de l’économie standard. Mais ce devrait ĂȘtre aussi une invitation Ă  la recherche d’un noyau dur Ă  partir duquel recomposer une discipline Ă©conomique comme partie intĂ©grante d’une science sociale rĂ©unifiĂ©e. Un impĂ©ratif former une communautĂ© scientifique, Ă©videmment internationale 22Comment faire ? D’abord, il importe de crĂ©er des revues, des lieux et des rencontres permettant Ă  des chercheurs, engagĂ©s dans des problĂ©matiques diffĂ©rentes mais partageant les mĂȘmes objets d’analyse, de communiquer entre eux et d’élaborer progressivement des passerelles puis des ponts entre microcommunautĂ©s afin d’en former Ă  terme une plus large. C’est aujourd’hui le rĂŽle de la Revue de la RĂ©gulation, comme ce fut par le passĂ© l’intĂ©rĂȘt d’une grande confĂ©rence internationale, organisĂ©e en 1998 Ă  Barcelone, puis de la rĂ©itĂ©ration de Forums de la rĂ©gulation, largement ouverts aux jeunes gĂ©nĂ©rations. Ensuite, il n’est pas d’avancĂ©e sans rĂ©flexivitĂ© critique sur la pratique d’une profession. C’est ce que font les chercheurs travaillant dans le cadre des sciences dites dures », mais une telle dĂ©marche est finalement rare en sciences sociales, contraste quelque peu paradoxal. De plus, la discussion sur les critĂšres d’évaluation est essentielle puisque une fois instituĂ©s dans les organisations et institutions de recherche, ils contribuent Ă  piloter de façon apparemment anonyme une division du travail qui peut devenir anomique et perverse par rapport Ă  l’objectif affichĂ© de scientificitĂ©. 23Finalement, il faut aborder la grande question une approche Ă  vocation scientifique devrait ĂȘtre cumulative, comme on l’observe dans la physique par exemple. Or jusqu’à prĂ©sent, la seule cumulativitĂ© observĂ©e dans la discipline Ă©conomique est celle des concepts, des mĂ©thodes et des outils, comme en tĂ©moigne la succession des prix Nobel. Que contiendrait un manuel d’économie qui ne comporterait que des thĂ©ories et des modĂšles validĂ©s par l’histoire Ă©conomique et les comparaisons internationales ? Peu de pages sans doute ! Or, a priori il n’est pas impossible d’écrire un ouvrage qui rassemblerait les rĂ©sultats convergents de la sĂ©rie des recherches menĂ©es jusqu’à prĂ©sent par les institutionnalistes en gĂ©nĂ©ral, les rĂ©gulationnistes en particulier. Non pas qu’il soit dĂ©finitif mais simplement, il rĂ©sumerait un Ă©tat de la connaissance sur le fonctionnement des Ă©conomies capitalistes. Citoyens et politiques pourraient y trouver quelque intĂ©rĂȘt. Je vous prĂ©sente Black and White. En abrĂ©gĂ©, elle a encore beaucoup de surnoms remplis de l'avons trouvĂ©e dans notre jardin et aprĂšs y avoir passĂ© un hiver rigoureux, elle a daignĂ© venir vivre prĂšs de nous ne sommes pas encore entiĂšrement acceptĂ©es, seulement tolĂ©rĂ©es.

au fil des jours au gré du temps